Vendée Globe 2024 : Rester dans la course
Le tour du monde se prépare dès maintenant au sein des écuries de course au large. Pour le Team Fabrice Amedeo, le projet de transformation du monocoque 60’avait pris forme à l’été 2021.
Assez rapidement, je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de bateaux en construction pour le Vendée Globe 2024, 13 nouveaux IMOCA devraient en effet être au départ du prochain tour du monde en plus des 8 bateaux de génération 2020. Soit 21 IMOCA à grands foils auxquels s’ajoutent les bateaux déjà transformés comme celui de Romain Attanasio ou celui d’Arnaud Boissières. Sur 35 ou 40 bateaux au départ, on en aurait eu au moins 25, voire plus, qui auraient été plus rapides que nous. Donc il fallait faire évoluer le bateau pour rester dans la compétition, analyse Fabrice Amedeo.
Une démarche pragmatique et des arguments imparables
Le skipper a deux idées en tête : trouver une solution la plus fiable et efficace possible, et étudier la faisabilité de réutiliser des foils existants. Fabrice Amedeo s’est rapproché de Michel Desjoyeaux.
J’ai fait un peu comme lorsque j’étais journaliste. Je lui ai demandé : ‘si tu devais faire un bateau vraiment typé pour le prochain Vendée Globe, qu’est-ce-que tu ferais ? ‘ Et il m’a répondu sans hésitation qu’il mettrait des foils en C pour plusieurs raisons.
- Des foils rétractables. « On peut les rentrer lorsque les conditions deviennent dangereuses ou dans les zones où il y a beaucoup de baleines par exemple, explique Fabrice. C’est un super élément de sécurité. »
- Des foils modulables. « Ce n’est pas ON ou OFF. Tu peux mettre 100%, 80%, 60% du foil en fonction de là où tu veux mettre le curseur, ce qui est hyper intéressant en termes de performance. »
- Des foils très rapides au portant. « Souvent, certains bateaux arrêtent de voler à partir de 135° du vent. Avec ces foils, nous allons pouvoir glisser un peu plus au portant et continuer à voler », conclut le skipper.
Autant d’avantages particulièrement intéressants pour une course comme le Vendée Globe dans laquelle le portant est l’allure prédominent. Et dont le parcours, long et traversant des zones très hostiles comme le Grand Sud, nécessite une plus grande polyvalence que sur des courses transatlantiques.
Un projet ambitieux et enthousiasmant
Neuf personnes ont donc rejoint les cinq membres du Team pour réaliser ce projet.
Il y a eu un peu de pression au début, ça n’a pas été facile à orchestrer, mais Eric Lamy mon nouveau Team manager a mené tout cela d’une main de maître, raconte Fabrice. Le fait de travailler en équipe permet au chantier d’avancer hyper vite. Il y a une vraie belle énergie, tout le monde est content. Ça plante déjà la bonne graine pour être heureux d’être en mer, sur un beau bateau, et pour aller chercher de la performance et du dépassement. En vitesse pure nous serons toujours moins rapides que les bateaux de génération 2020 et 2024, mais nous allons réduire cet écart. Et puis le Vendée Globe est une course atypique dans laquelle on ne peut pas pousser les bateaux à 100%. Dans ces moments où on lève le pied, mon bateau va être très intéressant parce qu’il a une carène assez puissante qui sera plus tolérante que celles des bateaux de nouvelle génération. Ces derniers sont par ailleurs de plus en plus pointus et longs à prendre en main.
D’ici là, une belle saison en solitaire attend Fabrice Amedeo, bien conscient qu’un travail d’apprentissage l’attend à l’issue du chantier prévue mi-avril : la Bermudes 1000 Race en mai, la Vendée - Arctique - Les Sables d’Olonne en juin, le Défi Azimut en septembre puis la mythique Route du Rhum en novembre sont au programme.
C’est une bonne chose d’avoir fait ce chantier tôt. Nous avons trois saisons pour préparer le Vendée Globe, pour se familiariser avec le bateau dans sa nouvelle version et pour le fiabiliser. J’échange beaucoup avec Eric Lamy qui avait fait un chantier similaire avec Initiatives Cœur et j’ai bien conscience que je vais avoir un bateau qui va être plus rapide, plus impressionnant, avec des réglages différents et de nouvelles sensations. Ça va être un défi énorme d’apprendre à naviguer sur ce ‘nouveau bateau’ et c’est très excitant », conclut le skipper.
A l'image de la démarche de Fabrice autour de son projet sportif et écologique, notre Plan Stratégique Alizés, ambitieux et enthousiasmant, guide notre transformation pour rester dans la course.